Les mots du pouvoir nous appartiennent !


Un mot ne pue pas.

L'haleine de qui le prononce, parfois.


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Manifestation suspendue aux lèvres de l'avenir, à la place du luxembourg. ça ne pluxera pas sans vous !


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Concept

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Bourdieu a eu raison de dire que la langue est le « support par excellence du rêve de pouvoir absolu ».

Danièle Linhart a eu raison de dire que “les managers changent les mots pour produire de l’amnésie

Austin a eu raison de dire que “dire, c’est faire”

Butler a eu raison de dire que la “survie linguistique suppose que le langage est le lieu d’une forme de survie”

Klemperer a eu raison de dire que “les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : qu’on les avale sans y prendre garde, qu’ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelques temps, l’effet toxique se fait sentir”

Wagner a eu raison de dire que “la musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots”

Bref, le Collectif MANIFESTEMENT a raison de dire que “Les mots du pouvoir nous appartiennent!”.

Cette manifestation n’est pas un jeu de mots, elle dit que le pouvoir des mots, aujourd’hui accaparé par la droite néolibérale, est notre meilleure chance de réconcilier la gauche avec le pouvoir. La gauche a un problème avec le pouvoir, mais peut-être moins avec celui des mots : commençons doucement ! La droite, quant à elle, a aujourd’hui beaucoup de mal à assumer que non seulement, elle exerce le pouvoir, mais qu’en plus elle aime l’exercer : ses mots récurrents, ses insignes, ses symboles servent tous d’ingrédients au vernis démocratique que sont les mots de la droite. Quand elle dirige, elle dit qu’elle “exerce son leadership” ; quand elle exploite, elle dit qu’elle “crée de la valeur” ; quand elle enrôle, elle dit qu’elle “fait collaborer” ; quand elle pollue, elle dit qu’elle a des “externalités” ; quand elle instaure une hiérarchie, elle dit qu’elle est votre “N+1”, quand elle les plume, elle dit que “les clients sont roi” ; quand elle licencie, elle dit qu’elle “restructure” ; quand elle attaque la sécurité sociale, elle dit prôner “l’égalité des chances”, et ainsi de suite. Que peut faire la gauche sur ce modèle ?

La gauche, de son côté, ne manque de correction du même style : quand elle se plaint de son patron, elle dit qu’elle fait de la “lutte des classes” ; quand elle boit avec ses collègues, elle se “syndicalise” ; quand elle engage un noir, elle dit qu’elle fait de la “diversité” ou de « l’inclusion » ; quand elle engage une femme, noire et handicapée, elle dit qu’elle fait de “l’intersectionnalité”, et ainsi de suite. N’est-il pas beaucoup plus excitant, quand la gauche engage une révolution pour renverser la droite, qu’elle lui dise qu’elle la restructure ? Que quand la gauche s’engage dans la lutte de classes, elle dise à la droite qu’elle fait un “process d’optimisation de la distribution des richesses en vue de l’équilibrage de la flexibilité réciproque entre les opérateurs sociaux” ? Que la sidération qu’induit ces mots neutralisés par la droite dans le chef des gauchistes les plus chevronnés n’a rien d’exclusif : que la droite n’est, bien entendu, pas moins fragile face au pouvoir des mots !

Et s’impose alors...

            Que “le pouvoir s’arrête là où les mots de MANIFESTEMENT commencent” (Löwenthal, dit “La roture”)

Que les abus de pouvoirs langagiers sont l’apanage de tout le monde. Autant que le pouvoir d’abuser est la réalité la mieux partagée.

Que le plus beau cadeau de la gauche à la droite, c’est le pouvoir de jouir sans entraves des mots

Que le plus beau cadeau de la droite à la gauche, c’est d’avoir montré que tous les mots sont détournables, appropriables, balistiquables

Que tout ce qui peut être dit avec des mots de gauche peut l’être avec des mots de droite, mais que l’inverse n’est pas vrai

Que les mots utilisés pour déforcer la gauche peuvent être utilisés pour déforcer la droite

Que la fin des cordons sanitaires linguistiques est déclarée

Que les mots du néolibéralisme sont trop graves pour être abandonnés aux néolibéraux

Que les mots du néolibéralisme ne sont pas les maux de l’humanité

Que tout mot néolibéral est une édulcoration du pouvoir qu’il exprime

Qu’un mot ne pue pas, mais seulement, parfois, l’haleine de celui qui le prononce

Que rien n’empêche de confisquer un mot confisqué

Que les mots vendent leur âme aux mieux parlants, aux plus utilisants et aux abusants sans vergogne. “Mots inanimés, avez-vous donc une âme ?” (Vercingétorix)

Que pervertir le sens des mots est beaucoup plus excitant que de le rectifier, le séculariser, le normaliser.

Que confisquer un mot, c’est lui inventer un destin, une origine, une mission. Confisquer un mot, c’est le monopoliser, l’emprisonner, l’embrigader

Que le dégagisme s’applique aussi au pouvoir des mots

ARGUMENTS


Lexique


Lexique (1)

La gauche-sachant-gauchir excelle à gauchir l’usage par la droite des mots les plus rentables.
La gauche maladroite échoue à rentabiliser les mots dont elle se réserve l’usage.

La droite spécule sur la différence.

Lexique (2)

La gauche-sachant-gauchir est fière, inconsolable, blindée, ambitieuse, coriace, conquérante, invincible, bref intelligente.

La gauche maladroite est réactive, morale, autocritique, idéaliste, jalouse, effarouchée, imbaisable, défaite, bref bête.

On ne présente plus la droite : elle est imprésentable, bref maligne.


La loi Marion

LA LOI MARION:

Le passage d'un verbe d'action au participe passé: de l'infinitif au substantif (d'une action à la passivité, de l'agissement à ce qui est subi) est le procédé du pouvoir permettant de neutraliser l'opposition: il supprime l’agentivité et produit, du même coup, un mot de droite, négatif.

Par exemple: assister est un mot de gauche (donner de l'aide), assisté est un mot de droite (recevoir de l'aide). Bénéficier est un mot neutre (on bénéficie d'aide ou de privilège), bénéficiaire est un mot de droite (celui qui perçoit -supposément indûment- une allocation). Indigner est neutre; l'indigné subit passivement.

C'est le geste linguistique de droite: passiver la gauche.  

Inversement, un mot valorisé par la droite devient magiquement négatif à gauche: le mot consommateur, valorisé à droite, est négatif à gauche. Ainsi de tous les autres, qu'on déchiffrera sur notre affiche, qu'il s'agit de reconquérir, de re-coloniser.


Toute préemption d'un mot demeure précaire !


Les mots semblaient neutres, avant que la droite ne se les approprie, n'en élimine rageusement, ne pratique obstinément la politique du lexique brûlé et ne voue aux gémonies ceux de la gauche vertueuse. Elle a planté ses drapeaux partout et n'a laissé à la gauche qu'une réserve de mots gâtés par ses propres factions, sous-partis, syndicats, associations...

Mais toute colonisation linguistique est théoriquement réversible.

La préemption définitive d’un mot est impossible.

Même le mot "coloniser", mis à toutes les sauces de la décolonisation désormais, on va le re-coloniser!

Les mots n’ont pas d’avis. Ils se rangent à l’avis de ceux qui en usent.


Les langues du pouvoir (cherchez l'intrus) !


La Stakhanov-langue, 
La Romanov-langue, La Rachmaninov-langue, La Casanov-langue, La Synov-langue, La Bossanov-langue, La Smirnov-langue, La Cyranov-langue de Bergerac, La Monov-langue, La Latinov-langue, La Kimonov-langue, La Solidarnov-langue, L'Hypnov-langue, L'Agnov-langue, La Pornov-langue, L'Ivanov-langue, L'Innov-langue, La Supernov-langue, La Villanov-langue.


Soyons opportunistes !

 

«Jouir sans entrave» : une intuition de la gauche dont elle n’a rien fait. Elle l’a offerte à la droite. Et pas qu'elle: «Il est interdit d’interdire» est le plus beau cadeau que la gauche ait jamais fait à la droite. La gauche est le pain béni de la droite, l’aubaine de la droite. C'est qu'en effet, la droite sait faire de tout une aubaine, tandis que la gauche sait faire de n'importe quoi son enfer. Faisons – enfin! − de la droite l’aubaine de la gauche! Soyons mieux que la droite: ôtons sa péjoration au mot "opportunisme". Toute bêtise de droite peut aussi être une opportunité pour la gauche !


Étymologiquement, est opportun le vent qui pousse le bateau vers le port. La gauche ne veut pourtant que le vent qui porte au large, au loin, au lendemain qui chante. La droite songe toujours déjà au bon port, à la vente de la pêche et de la marchandise. La gauche préfère louvoyer vent debout, quitte à ramer sur place, quand même le vent serait favorable. La droite sait prendre le vent et aller dans le sens du courant. Et si le courant changeait de sens, elle en changerait aussi, sauf s'il l'éloignait de ses intérêts: elle se fera construire alors des propulseurs, pour progresser quand même. La droite, en ce sens, recourt souvent à l'argument naturaliste, quitte à arranger les sciences naturelles : ainsi du "darwinisme économique" autorégulateur, ainsi de la régulation "naturelle" du marché, ainsi de la supériorité de sa "morale" comme "processus civilisationnel", puisqu'elle serait "naturelle". La gauche, elle, ne veut rien entendre de la nature, puisqu'elle n'est pas équitable. La gauche est contre-nature (sauf dans sa version écologique, dont il n'est pas sûr qu'elle soit de gauche). La gauche maladroite participe d'une mystique messianique: c'est toujours le lendemain qui chante. En même temps, comme si ce premier vice ne suffisait pas à son inconsistance, il y a un mélancolisme de gauche, qui désespère de ne jamais voir renaître les élans révolutionnaires autrefois portés par son messianisme. Si, pourtant, l'on y parvenait, il n'y aurait plus d'espoir, rien à atteindre ou à attendre. A droite, on ne veut pas attendre demain. C'est que, si la gauche jouit d'être morale et juste, la droite, elle, jouit seulement d'atteindre ses objectifs et nourrit cette peur qui l'anime : qu'un jour, peut-être, les choses pourraient être toutes autres.


Les lois baldwin

 

  1. : le point Baldwin (James) : «plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une référence aux minorités opprimées et aux racisé.e.s s’approche de 1.»

  2. : le point Baldwin (Hailey) : «plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une référence à la culture du viol et au mansplaining s’approche de 1».

  3. : le point Baldwin (Alec) : plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver l’expression «et nos SDF?» s’approche de 1.

  4. : une quatrième pour la route : le point Baldwin (de Saxe Cobourg Gotha): «plus une discussion en ligne dure longtemps, plus on finit par se demander combien de fois la reine Fabiola a avorté».


Du mot «nigger», the N. word  et d'autres mots interdits

 

«Faites ce que vous reprochez aux autres!»

Faites-le aussi avec les mots. 

Le moralisme est le poison de la gauche, et elle moralise tout, range tout dans deux catégories qui s'excluent: ce qui est bien (de gauche) et ce qui est mal (de droite), aussi bien les mots qu'elle emploie (la droite) que ceux qu'elle met à l'index. 

Le mot «queer» est devenu insultant ou identitaro-militant. On ne dit plus "transexuel", mais "trans" ou "transgenre", parce que les trans ne sont pas des obsédés sexuels… On ne dit plus gays, on ne dit plus gays et lesbiennes, on ne dit plus gays, trans et lesbiennes, on dit LGBTQQIAP+... On ne dit plus Noirs ou Afro-descendants, mais black noirs. On ne dit plus bougnoule, on dit boukake. On ne dit plus "handic", on dit "validiste de merde". Tou.te.s des put.e.s, tou.te.s des sal.aud.e.opes, tou.te.s des porcs (pas de féminin). Pendant que la gauche maladroite se déchire et territorialise tant et plus les mots qui lui restent, la droite gauchisante jouit sans entrave. 

(La droite a aussi son moralisme et ses catégories de mots bons et de gros mots: tout le vocabulaire syndical ou collectiviste, c'est mal: syndicat et ses dérivés, public et ses dérivés, collectif et ses dérivés, mutuel et ses dérivés, etc. La droite conservatrice, et par conséquent morale, abhorre en outre tout le jargon du mondialisme, à commencer par mondial et ses dérivés; tout ce qui s'oppose ou nuirait au droit du sol et du sang, aux traditions, au territoire familial ou national. Mais nous n'avons rien à craindre de cette droite-là.)


LES MOTS DU POUVOIRCoronavirus NOUS APPARTIENNENT

Depuis le premier mot d’ordre – « Restez chez vous ! » – jusqu’à « Respectez les gestes barrières ! », en passant par « Nous sommes en guerre ! », « Il faut tester, tester, tester !, « Tenez-vous à 1,5m minimum des autres ! », « Si vous êtes malades, mettez-vous en quarantaine ! », « Il v a y avoir une deuxième vague », « Lavez-vous les mains ! », « Éternuez/toussez dans votre coude ! », « Utilisez des mouchoirs à usage unique ! », « Utilisez un caddie ! », « Tous ensemble contre le Covid 19 ! », « Applaudissez nos héros ! », « Portez-vos masques ! », la nomenclature linguistique du pouvoir s’est considérablement enrichie à l’occasion de la pandémie de Covid 19.

Quelle que soit la pertinence sanitaire de ces injonctions, l’ensemble des mots d’ordre estampillés « Corona » n’en demeure pas moins être un pur et simple catalogue de mots de pouvoir. Or, les mots du pouvoir nous appartiennent. Donc, il existe une appropriation possible des mots d’ordre de la pandémie.

Autrement dit, la linguistique menaçante du virus se doit d’être réellement pan-démique, par respect de son composé étymologique entre pan [tous] et demos [le peuple]. Les mots du pouvoircoronavirus peuvent donc, voire doivent être utilisés par tous. Et ça n’a pas manqué, tant leur formulation officielle autant que leur déclinaison intime et quotidienne sont devenues la modalité linguistique dominante des échanges sociaux. Mieux, chaque citoyen a pu y choisir son leitmotiv, son obsession, son idée fixe. Reste à comptabiliser les usages de gauche de ces altières injonctions catégoriques désormais autorisées. « Je ne vous sers pas la main » est désormais plus qu’un affront, c’est une mesure de prévention ! « Je m’en lave les mains ! » y a gagné une certaine littéralité libératoire. « Malades, restez chez vous ! » se joint d’une évidence qui rallie la résistance à l’obligation du travail ! Tout ça, ad libitum.

« Les mots du pouvoir du Corona nous appartiennent », cela revient à dire combien tout mot de pouvoir est un acte manqué du pouvoir des mots !

Un exemple de réappropriation de ces mots du pouvoir sanitaire : le Syndicat des Immenses les a utilisés pour son combat contre le mal-logement et le non-logement.


Les slogans visuels de la manif suspendue



Hymne

(sur l’air bien connu de "Blowin' in the wind" de Bob dylan)

WORDIN' IN THE WIND

Ô férus des mots pseudo-purs de toute tache,

Parle, prends pas de gants et sois cash !

« Optimisation », « marché » ou « profit » :

Des mots, pas d’ la pornographie !

La gauche de gauche et cell’ en costard

Accusent grave un linguistique retard !

N’aie pas peur des maux : c’est comme la cocaïne

Leurs mots néo-libéraux plein les narines !

Ils sont susceptibles des plus infâmes carnages

Mais ils n’ont, d’aucuns mots, l’apanage !

Ô mots assignés aux fines bouches libérales,

Vot’ potentiel est en vrai colossal !

Ô crainte mortelle d’être piégé quand on cause,

D’être à droite « faute de mieux » : quelle névrose ! 

N’aie pas peur des maux : c’est comme la cocaïne

Leurs mots néo-libéraux plein les narines !

La liberté de ton vo…cabulaire

Dit la résistance de ton caractère !

Un mot se laisse faire avec grand plaisir :

Ils sont tous des chances dont on va s’ saisir !

« Capitaux juteux » ou « returns optimaux » :

Juste des mots, même pas minces, même pas gros !

N’aie pas peur des maux : c’est comme la cocaïne

Leurs mots néo-libéraux plein les narines !


SLOGANS

« Tant que le verbe capitaliser la fera rougir, la gauche échouera à capitaliser sa longueur d’avance sur la vérité. »

est la traduction non autorisée de :

“Words can be like X-rays if you use them properly - they’ll go through anything. You read and you’re pierced.” (Aldous Huxley)


Les mots ne puent pas de leur propre chef. La droite jouit à rendre puants aux narines gauchistes les mots dont elle fait son beurre. Pendant ce temps, à quoi jouit la gauche maladroite ? À pleurer ses mots qui se cachent pour mourir. La gauche sachant gauchir, elle, jouit de jouir en plein jour des mots qu’elle mobilise.


« Un homme, ça s’empêche. » (Albert Camus)
« Une femme, ça s’en plaint. » (Ursula von der Leyen)
« Un mot, ça sent pas. » (Ferdinand de Saussure)


Aux narines de la gauche maladroite, le mot « activation » pue exactement comme puent, dans la tête de la droite musclée qui le prononce, les larves humaines ciblées par le mot.

Or « incitant » dit la même chose, la classe en plus et l’odeur en moins.

Donc, la gauche sachant gauchir synonymise irréversiblement inciter et activer.


"Un mot, c’est pas comme une p… Oups, sorry… Ah ! non, il n’y a pas d’« oups » embarrassé qui vaille ici : nous ne rétropédalerons pas. #MeToo or #NotMeToo is not our question. Parce qu’on doit non seulement recoloniser les mots, mais aussi les violer sans vergogne. Une p..., c'est pas comme un mot : c'est sensible." (Laurent d'Ursel, dit l'aristocrate)


Les mots de la gauche, soit ils ne fonctionnent pas, soit ils sont récupérés par la droite.

Les mots de la droite, soit ils ne fonctionnement pas, soit ils fonctionnent.

Conclusion : la gauche n’est pas dans la merde : elle la produit. La droite ne produit pas de la merde : elle la biométhanise.


Les mots pratiques fonctionnent tout de suite.
Or la gauche ne s’impose plus et la droite fait suite à tout.
Donc « la droite » sonne pratique et la droite dispose à sa guise des mots pratiques fomentés par la gauche.


Mots libres de droit, certes.
Mots libres de droite, donc.
Gauche libre des mots, ouf.


La gauche sera le genre humain.
Or la droite se donne vite un genre.
« La gauche, j’en rêve donc encore » (Fernand Léger).


Les mots pieux prêchent les convaincus.
Or la gauche se croit vaincue.
Donc « de gauche » sonne cucul.


Un mot est une pute qui a mis ses états d’âme en berne le temps de passer à la casserole de l’usage. La droite paie. La gauche maladroite n’ose pas franchir le seuil du bordel linguistique. La gauche sachant gauchir propose à la pute de se partager les bénéfices de la régularisation de son statut.


Attaquons : « Les Mots du Pouvoir Nous Appartiennent »

Siglons : MPNA

Rétropédalons : Oups, c’était déjà pris…


L’usage « consacré » d’un mot ne sacralise pas le mot, seulement les sacrés cons de gauchistes maladroits qui y croient. La droite n’y croit que dans la mesure où cela sert leur intérêt. La gauche sachant gauchir blasphème avec le même opportunisme, l’obscénité en moins et la désespérance en plus.


Dans concurrence, il y a con. Mais le con, seuls les cons n'aiment pas ça.


D’où la gauche maladroite tire-t-elle que la droite confisque (enrégimente, préempte, colonise) ses mots fétiches ? De son ressentiment, c’est-à-dire de sa haine-de-devoir-être-de-gauche.
D’où la gauche-sachant-gauchir tire-t-elle que la droite n’est pas dupe de ses mots fétiches ? De ses désillusions passées, bref de son plaisir-d’être-de-gauche-à-travers-tout.


Confisquer un mot, c’est lui inventer un destin, une origine, une mission. Et ce juste pour que, y croyant, les cons concluent à un monopole, crient au scandale et s’interdisent d’utiliser ledit mot.

SALMIGONDIS