Privilèges pour tous!


A supposer que l’objectif d’égalité soit louable, il importe de décider si l’on tente de l’atteindre en abolissant un maximum de privilèges constatés ou en généralisant au maximum ces privilèges.
Et cela change tout, comme l’Histoire en témoigne.


Image

Le 24 janvier 2016 à 15h, Bld Léopold II, Canal


Lien d'édition secret: http://umap.openstreetmap.fr/fr/map/anonymous-edit/188772:D0nI5-CaDCt3If58UBAQu2UiQ3Q

Qu’est-ce qu’une NON-MANIFESTATION?

Une non-manifestation est une manifestation qui n’en a que le nom.

Il suffit pour cela que les participants:
1) soient séparés en au moins 2 sous-groupes géographiquement inaccessibles les uns aux autres;
2) soient tous immobiles et distants les uns des autres d’au moins 4 mètres;
3) occupent un espace n’entravant aucune circulation, automobile, cyclomobile et même piétonne;
4) ne recourent à aucun système d’amplification sonore.
Une non-manifestation est particulièrement recommandée lorsque, pour une bonne ou une mauvaise raison, la manifestation est interdite par les autorités.
Le Collectif MANIFESTEMENT y a eu recours en 2016.

Concept

« Il ne faut pas tuer les riches, il faut tuer la pauvreté! » (Ljubomir Jakic).
Il faut juste tuer Jean d’Ormesson, qui a déclaré:
« Je méprise les privilèges mais je ne déteste pas nécessairement ce que je méprise. »

La jouissance est obligatoire.
Or ça jouit là où il y a privilège.
Donc vive les privilèges!


Le privilège (1) est un avantage dont on ne peut pas se refuser la jouissance. C’est le pouvoir de ne pas avoir honte de la visibilité de sa jouissance exclusive. La honte et la culpabilité du privilégié sont déplacées, un masque, une fausse pudeur: jouissez de vos privilèges et donnez envie de faire de même! (2) La haine du non-privilégié est pur ressentiment, détestation de soi et masochisme: privilégiez-vous tout ce qui bouge et arrêtez de loucher sur la jouissance de l’autre! Bref, vouloir la fin des privilèges, c’est scier la branche sur laquelle on rêve d’être assis. Ou jeter le bébé qu’on désire être avec l’eau du bain.

Le pire, bien sûr, est la création de privilèges pour une classe donnée d’individus («Privilèges exclusifs, svp!»), dont offre une pitoyable illustration récente le trop fameux statut spécial pour les artistes (en Belgique) ou les intermittents (en France), lesquels, ne leur en déplaise, ne sont pas les seuls, tant s’en faut, à avoir des revenus imprévisibles et irréguliers et à devoir souvent travailler sans garantie d’un revenu à la clé. Leur privilège ne sera pas légitime avant d’être généralisé à tous ceux qui connaissent la même situation. Inconcevable? Pas du tout. L’Histoire a parfois pris le bon tournant, celui du nivèlement anoblissant par le haut («Privilèges pour tous!»), sur le modèle de l’universalisation de la guillotine décrétée lors de la Révolution française. Trop souvent, il est vrai, malheureusement, c’est le nivèlement démocratisant par le bas («Abolition des privilèges!») qui a prévalu, sur le modèle en Europe de la traduction de la Bible à partir de la fin du XIVe siècle en langues vernaculaires, au lieu de l’enseignement du latin à tout le monde(3)... ou le nivellement ravalant par le milieu («Privilèges pour quelques-uns!»), sur le modèle de l’alignement du statut des employé et des ouvriers, et réciproquement, en Belgique.

A bas les abolitionnistes! Ceux qui ont contesté à certains (au lieu de généraliser à tous) le droit d’être aristocrate, d’avoir des esclaves, de porter une arme, etc... et ceux qui luttent pour que demain plus aucune âme ne soit délivrée du purgatoire le samedi suivant son décès, aucune profession ne puisse exiger comme les agriculteurs et les banquiers aujourd’hui des soutiens de l’Union européenne dès que la faillite les guète, plus personne ne soit parachuté «ADMIN» d’un site web et donc ne puisse en assure la gestion, etc.

Bravo les universalistes! Ceux qui ont généralisé à tous (et non limiter à certains) le droit de voter, de se marier, d’accéder à des soins, etc... et ceux qui luttent pour que demain tout le monde ait une place de parking «corps diplomatique», appartienne à une «minorité»(4), ait accès à la procédure de «règlement collectif de dettes» quand bien même celles-ci sont de nature pénale, etc.

A celui qui dit «Les vrais privilèges sont mérités», on répond: «Le mérite est une idéologie admissible uniquement si elle fait l’unanimité.» (5)
A celle qui dit «Les privilèges sont contrebalancés, et donc justifiés, par des devoirs», on répond: «C’est très vilain de mentir.»
A ceux qui disent «Les privilèges tombent du ciel», on répond: «Redescendez sur terre.»

Toutes des putes, sauf ma mère? Non, toutes des putes, même ma mère! Le peuple juif n’est pas élu? Non, tous les peuples sont élus! Mona Lisa n’appartient à personne? Non, elle appartient à tout le monde! Jésus est un mortel comme un autre? Non, tout le monde est le «Fils de Dieu»! On ne prête plus aux riches? Non, on prête aux pauvres aussi! Fin de l’immunité pour les diplomates et les parlementaires? Non, immunité pour tous! Abolition des facilités pour les communes de la périphérie bruxelloise? Non, facilités pour toutes les communes! Dissolution du Bureau «Privilèges» de l’Union européenne? Non, un Bureau «Privilèges» dans chaque administration! Suppression de la visite médicale gratuite pour les policiers?(6) Non, visite médicale gratuite universelle! L’Etat doit suppléer le trust pharmaceutique dès que l’exigence de rentabilité d’un traitement n’est pas satisfaite s’agissant d’une maladie trop rare? Non, toutes les maladies sont orphelines! Le masculin ne l’emporte plus sur le féminin en français? Non, le masculin l’emporte sur le féminin et réciproquement! Le secteur de l’Horeca ne doit plus être le seul où faire du noir est un droit acquis de fait? Non, faire du noir doit être possible dans tous les secteurs! Les militaires n’ont plus droit à des transports publics gratuits? Non, transports publics gratuits pour tous! Les juges, professeurs d’université, ambassadeurs, militaires hauts gradés et autres docteurs en médecine doivent perdre leur titre dès qu’ils n’exercent plus? Non, tout le monde emporte le titre de sa fonction jusque dans sa tombe ou son urne! Il faut raboter le salaire des hommes jusqu’à atteindre celui des femmes? Non, alignons le salaire des femmes sur celui des hommes! Il faut déclasser les premières classes dans les trains? Non, première classe dans toutes les voitures! Les fonctionnaires sont des employés comme les autres? Non, plus personne n’est licenciable!

Se réjouir du privilège de l’autre ou le jalouser, c’est la même et la plus banale ânerie politique.
Se réjouir d’être seul à jouir d’un privilège signifie indexer son bonheur sur le malheur des autres, et c’est la plus dévastatrice frustration politique qui soit.

Le ressort intime du privilège est le spectaculaire.
«Privilèges pour tous!» = SPECTACLE TOTAL! = «Tout le monde sur scène!» = «Chacun est exceptionnel!»

La phrase «Elles sont plus belles les unes que les autres!» prouve que crier «Privilèges pour tous!» revient moins à aplatir les hiérarchies qu’à les télescoper.

L’exclusivité du privilège tient au fait qu’il ne se partage pas. Mais il se dispense à tout-va sans léser personne.

La jouissance occasionnée par le privilège procède d’une délectable illusion d’optique: la sensation, toute relative, est vécue absolument.

S’il procède d’un biologisme aussi primitif et scabreux que risible, le caractère héréditaire parfois reconnu à certains privilèges prouve une chose (l’exclusivité est relative) et son corollaire (l’absoluité n’est pas exclusive).

L’arbitraire du privilège est sa marque distinctive. S’il est déterminé sociologiquement, il se réduit à un simple avantage, toujours contestable, lui.

«Privilèges pour tous!» est le chaos garanti. Le chaos n’est pas le prix de l’égalité, mais son insigne.

Et l’on n’a pas assez dit la souffrance de ceux d’en haut contraints de condescendre à atterrir.

Notes

(1) Précisons que ne constitue pas un privilège le fait:
d’avoir accès à un service particulier pour lequel on a payé
de ne pas payer d’impôt quand on est pauvre
d’avoir droit à des places de parking spéciales si on est handicapé
de naître avec un QI de 250, un cœur d’Eddy Merckx et/ou un génie picassoïque
de remporter une compétition basée sur quelque forme de mérite communément admise

(2) Un privilège triste n’est pas un privilège:

et un privilège très triste est un pouvoir figé en un droit acquis.

(3) Dernier exemple en date:

et voici la pétition attenante

(4) Cfr Gilles Deleuze: «La minorité c’est tout le monde, la majorité c’est personne.»

(5) Le privilège est d’autant plus jouissif qu’il est immérité. Cfr Marcel Mariën: «Il n’y a aucun mérite à être quoi que ce soit.»

(6):

ARGUMENTS


Le Burger King est vraiment royal!

La chaîne Burger King est vraiment royale!
Le «Roi du poulet» est un vrai roi!
Le Palais du cache-poussière est un vrai palais!
Iznogoud est un vrai calife!


Les membres du CA de la chaîne Sultans of Kebabs sont de vrais sultans!
Ma cigarette «king size» est vraiment longue!
Dormir dans un lit «queen size» fait vraiment de vous une reine!
Les résidents des seigneureries meurent en vrais seigneurs!
Freddie Mercury a une vraie voix de reine!
Le pape du surréalisme pontifiait vraiment!
Robin des Bois était le vrai prince des voleurs!
Votre couronne dentaire ennoblit vraiment votre sourire!
Les haricots princesses au petit pois ont vraiment la sève bleue!
Les barons de la drogue ne sont vraiment pas barons pour rien!
Maurice Chevalier montait vraiment bien à cheval!
Le chanteur Prince a vraiment dessiné un mouton!
Poutine a vraiment remporté la Tsar Academy!
Les habitants des Marquises sont de vrais sadiques!
Le manchot empereur n'y va vraiment pas de main morte!
On a lu que les Petits princes ravissaient vraiment le palais!
De vrais ministres composaient le Ministère des affaires populaires!
Ça plane vraiment pour moi quand elle me dit: «You are the king of the divan!»
Les reines du shopping chopent vraiment les meilleures fringues!
«Il y a peu de chances qu'on détrône le roi des cons» parce qu’il s’accroche à un vrai trône!
Le chevalier François de Haddock a vraiment inspiré Hergé!
Le comte de Monté-Cristo était un vrai comte!
Le hibou grand-duc a vraiment la classe!
Les chaussettes de l'archiduchesse sentent vraiment la fin de race!
La sauce archiduc a vraiment un lien avec l'Autriche!
Les monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates sont de vrais États!


Maurice Boyikassé Buofamo est vraiment empereur de la République royale et populaire du Congo!


La preuve par la guillotine

Il est monnaie courante d'associer la Révolution française à l'abolition des privilèges.
Rien de plus faux!

La Révolution française a ouvert la voie de l'universalisation des privilèges.
L'aboutissement logique de la Déclaration universelle des droits de l'homme est l'accès de tous aux privilèges réservés jusque-là à quelques-uns.

La preuve par la guillotine:
Avant la Révolution française, la décapitation était une exclusivité de l'aristocratie. Les roturiers condamnés à mort devaient être pendus, fusillés, embrochés, écartelés, mais jamais raccourcis. Depuis la Révolution française, tout le monde a le droit de mourir noblement: la tête en moins.*

Cette universalisation de la décollation a récemment été récupéré à la lettre, mais point dans l'esprit qu'ils n'ont pas, par les seconds couteaux de Daech et les premiers sabres de Riad: ça tranche là à qui mieux mieux!


* Le premier Parlement, anglais celui-là, était de même calqué sur la cour du Roi...


CNE Le syndicat sera là!

Le syndicat s'engage:

En 1912, une syndicaliste américaine, Rose Schneiderman, déclarait: «L'ouvrière doit avoir du pain mais également des roses. Vous, les privilégiées, [...] n'avez rien que la plus humble des travailleuses n'ait le droit d'avoir elle aussi.»*

Sans pouvoir adhérer complètement à l'appel «Privilèges pour tous!», volontiers provocateur et sarcastique, du Collectif MANIFESTEMENT, la CNE soutient en clin d'œil cette manifestation. Comme l'illustre la citation, le but du syndicalisme n'a jamais été uniquement de revendiquer des conditions de survie décentes pour les travailleurs, mais de revendiquer leur droit à l'émancipation la plus large: droit à l'éducation, droit à la culture, droit au loisir et au voyage, etc.

Si un temps ce but était en vue, si un temps une large part de la population était en mesure de décider de faire le tour du monde ou d'écrire un livre, nous sommes à nouveau dans une phase historique où les inégalités se recreusent à grands pas. Droit à l'éducation? Ce droit, au Royaume-Uni, n'est déjà plus qu'un souvenir pour celui qui n'a pas le capital ou le crédit bancaire nécessaire à financer des études supérieures. Culture, loisir? Pour celle ou celui qui n'a qu'un travail précaire dans l'horeca ou la distribution pour lequel, sans certitude de revenu, il doit quand même se tenir disponible chaque soir et chaque week-end, structurer une vie hors du travail devient impossible.

Contre le discours dominant, contre l'austérité organisée pour renforcer les inégalités, les alliances les plus larges sont indispensables. La CNE salue toute initiative en ce sens et, dans le respect du ton, du style et du mode d'action de chacun, participe.

* Citation complète:
«La femme qui s'échine au travail veut avoir le droit de vivre, pas simplement d'exister -- elle veut avoir le droit de vivre ce que la femme riche a le droit de vivre, et profiter du soleil, de la musique et de l'art. Vous n'avez rien que la plus humble des travailleuses n'ait le droit d'avoir elle aussi. L'ouvrière doit avoir du pain mais également des roses. Aidez-les, vous les privilégiées, donnez-leur le bulletin de vote qui sera leur arme.»

Citation originale:
"What the woman who labors wants is the right to live, not simply exist —
the right to life as the rich woman has the right to life, and the sun
and music and art. You have nothing that the humblest worker has not a
right to have also. The worker must have bread, but she must have roses,
too. Help, you women of privilege, give her the ballot to fight with."


Ni le nivellement par le bas... ni par le milieu:
le second conduit logiquement au premier

Je me sens beaucoup plus à l'aise lorsque je défends les femmes qui sont au bas de l'échelle sociale: quand on remporte une victoire à cet endroit-là, tout le monde avance.
Angela Davis, Le Monde, 16 janvier 2016

Illustration en guise de démonstration:

En 2013, la cour constitutionnelle jugeait que la différence de traitement entre travailleurs «employés» et «ouvriers», notamment en cas de licenciement, était discriminatoire. Il est vrai que la différence de statut juridique ne se justifie pas, d’autant plus qu’avec l’évolution des métiers, le choix du statut était de plus en plus arbitraire.

Un caissier de supermarché est employé alors qu’un technicien spécialisé frigoriste ou un opérateur-programmateur de machine-outil est ouvrier.

Supprimer la différence de traitement, bien; mais comment? Des décennies de négociation collective ont créé de multiples régimes, secteur par secteur. La logique juridique veut qu’on aligne le moins favorisé sur le plus favorisé. Pour éviter cela, le gouvernement tranche en 2014, grosso modo… en coupant la poire en deux. Significativement plus pour les ouvriers les moins favorisés, mais significativement moins pour les employés les plus favorisés.

Égalisation, certes. Mais en prenant aux uns pour donner aux autres. C’est le partage de la misère. Pas de progrès, mais un simple écrêtage; on comble les ornières en érodant les sommets.

Equitable peut-être, mais pas progressiste. Le progrès social voudrait que les plus favorisés tirent à leur niveau ceux qui le sont moins. Pas que certains reculent pour que d’autres puissent avancer. Dans cette logique le gâteau a une taille fixe et ne grandira plus. Change juste la manière dont on le partage. Cette logique prend donc comme hypothèse et perspective la stagnation sociale. Tous alignés sur la moyenne. On bride ceux qui avaient pris de l’avance sur le progrès; en ramenant tout le monde dans la bonne moyenne, on leur fera perdre l’envie même d’avancer.

Et que dire lorsque l’opération devient itérative?

Jules à plus que Jessica; on coupe la poire en deux. Jules et Jessica sont maintenant à égalité, Jules ayant moins et Jessica plus. Alors vient Jacques, qui a moins que Jules et Jessica. On recoupe la poire en deux … puis encore une fois pour Yasmina puis encore pour Robert, et encore pour Samantha. A couper et recouper la poire il n’en reste plus rien.

Car après les ouvriers et les employés, pourquoi ne pas s’attaquer aux fonctionnaires, en tout cas dans ce qu’ils ont de plus enviable, comme la pension ou la stabilité d’emploi. Et puis on pourra aussi couper la poire en deux avec les temps partiels, les intermittents, les intérimaires, les travailleurs au noir, les détachés des pays de l’Est, etc.

Couper la poire en deux est une variante du nivellement par le bas, moins brutale, d’apparence plus honnête, mais diablement efficace pour organiser et justifier le recul social.

Dorénavant pour rétablir l’injustice entre les exploités il faudra que les uns trouvent de soi-disant privilégiés à dépouiller… pendant que les vrais profiteurs courent de plus belle.

Le champagne coupé à la bière n’est plus du champagne … et si on le remplace par du mousseux on n’y verra que du feu.

C’est quoi couper la poire en deux entre Picasso et Rimbaud? Des comptines illustrées? Et si on aligne ensuite avec le mime Marceau, qu’est-ce qui reste? Des chromos, peut-être.


Hymne

Aux nues, les privilèges!

(sur l’air bien connu de la Marseillaise)

Allons enfants de la Fratrie
Le jour de gloire est arrivé:
L’abolition au pilori!
Les privilèges globalisés!
Noyons-nous dans le champagne
Au caniveau tous les sodas!
Gavons les envieux au foi gras!
A nous les châteaux en Espagne!

Aux nues, les privilèges!
Foin de nos haillons!
Jouissons, jouissons!
Qu’un cuir si pur
Vienne orner nos Vuitton!

Allons, idiote idolâtrie,
Tu peux faire mieux que de rêver!
Tu peux étendre le Rotary
Jusqu’aux banlieues du Val Fourré!
Tu n’seras jamais Charlemagne
A toujours niveler par le bas!
De panache tu prives ton combat
A trop cultiver ta hargne!

Aux nues, les privilèges!
Foin de nos haillons!
Jouissons, jouissons!
Qu’un cuir si pur
Vienne orner nos Vuitton!

Allons, fini cette infamie
D’être tout seuls privilégiés!
Faisons du luxe l’épidémie
D’être sang bleu, même HIV!
Fi des loosers: tous ont la gagne!
Vient de sonner le jour du glas
Aldi, Liedl, Colruyt, Cora!
Tout Molenbeek en hypokhâgne!

Aux nues, les privilèges!
Foin de nos haillons!
Jouissons, jouissons!
Qu’un cuir si pur
Vienne orner nos Vuitton!



SLOGANS

«On jouit de privilèges», certifie Le Grand Robert. Or jouir avec entraves, c’est has been depuis Mai 68. Donc, privilèges sans entraves!

Contre la vulgarisation systématique, dépressive et paranoïaque de tout!
Pour la massification joyeuse, oxygénée et altière du sublime!

Privilèges pour tous! = Publilèges ou rien!

− Privilèges pour tous ? Mais c’est un oxymore!
− Au contraire. C’est le mot privilège (étymologiquement «loi privée») qui est contradictoire. «Privilèges pour tous!» rétablit le bon sens: la loi, c’est pour tout le monde.

Plantes roturières super moches: Qu’elles soient toutes aristoloches!

Une non-manif comme un pavé dans la mare aux grenouilles du bénitier égalitariste!*
* Pavé vient du latin pavire, «aplanir, niveler».

«Une [des] grandes erreurs [du marxisme-léninisme] a été de croire qu’on pouvait requérir les intérêts de classe pour faire produire aux membres des classes populaires des opinions droites. [...] L’accès à l’Idée était réservé à une aristocratie, une minorité qui réglait le dire et faisait circuler le dit de ce dire. [...] C’est là que nous devons rectifier Platon. Il nous faut étendre l’aristocratisme à tout le monde. Un aristocratisme pour tous.»

Alain Badiou

 

La non-manif «Privilèges pour tous!» ne serait-elle pas une généralisation de la manif «Pour un partage de la violence!» ? Peut-être.

La future manif «Taxons les loyers, lynchons les ayant droit et saccageons les résidences d’artiste!» ne serait-elle pas un cas particulier de la non-manif «Privilèges pour tous!» ? Peut-être.

La future manif «Toujours plus haut, plus grand, plus beau!» (à l’occasion du 490ème anniversaire du mot nivellement)...» ne serait-elle pas un cas particulier de la non-manif «Privilèges pour tous!»? Peut-être.

SALMIGONDI

Les photos de la manif

Le film de la manif

(à venir)

Soutiens, sponsors et collaborateurs

La CNE participe et soutient la non-manifestation «Privilèges pour tous!»

Revue de presse

Het Nieuwsblad annonce la non-manifestation la veille:


elle est jolie, la belge presse francophone!

Quant au fond, on n'est jamais mieux servi que par soi-même : article dans le Même pas peur de février 2016.

Qu’est-ce qu’une NON-MANIFESTATION ?

Une non-manifestation est une manifestation qui n'en a que le nom.

Il suffit pour cela que les participants :

  1. soient séparés en au moins 2 sous-groupes géographiquement inaccessibles les uns aux autres ;
  2. soient tous immobiles et distants les uns des autres d'au moins 4 mètres ;
  3. occupent un espace n'entravant aucune circulation, automobile, cyclomobile et même piétonne ;
  4. ne recourent à aucun système d'amplification sonore.

Une non-manifestation est particulièrement recommandée lorsque, pour une bonne ou une mauvaise raison, la manifestation est interdite par les autorités.