La mort commence à bien faire!
Le 25 janvier 2009, départ à la place Émile Bockstael - parvis Notre-Dame de Laeken, à 14h30
Concept
Qui sait si vivre est ce qu’on appelle mourir et si mourir c’est vivre?Euripide
Supposez qu’on meure et qu’on découvre que les morts sont des vivants qui jouent à être morts!Jean-Paul Sartre
On ne sait ni qui meurt ni qui vit. P.A. Duplessis
«La mort commence à bien faire!»
est une tentative acrobatique, une prouesse mentale et un ballon d’oxygène pour
1) sortir par la grande porte de la préhistoire de l'ère binaire ON-OFF,
2) explorer tous les niveaux de gris négligés par le sempiternel «noir et blanc» de la métaphysique traditionnelle et
3) revendiquer avec panache le droit pour chacun d'être ni mortel, ni immortel - c’est-à-dire simultanément mort vivant - plutôt que mort-né en sursis contraint à toutes fins palliatives utiles de jouer la montre ou de tuer le temps.
Si tu veux vivre, meurs.(proverbe juif)
Là où il n’y a rien, même la mort ne peut rien prendre.(proverbe tchèque)
La vie la plus heureuse finit avant la mort.(proverbe chinois)
ARGUMENTS
Enfin de l'art après «l'art après l'Holocauste»!
Le cri primal de Xavier Löwenthal!
L'amour de la mort fait florès. Ce sont de noires fleurs malodorantes. Elles jaillissent de partout, jusqu'à l'écœurement.
On n'a jamais très bien su après quoi l'on courait, et pour cause: c'est devant qu'on courait, à toutes jambes (fémurs, tibias, péronés), de peur qu'elle nous rattrape.
On se fout bien de la mort: ce sont les autres qui meurent. D'ailleurs, nous ne sommes jamais morts, mais on a peur, elle nous talonne la salope et on court mais, tout nous le rappelle, elle nous rattrapera. Et ça nous intéresse. Notre mort nous intéresse et les publicitaires l'ont bien compris. Seuls les miroirs nous intéressent: on s'identifie ou on n'aime pas... La mort est notre lieu commun. Pas la vie.
On ignore tout de la mort mais on croit connaître ses signes, cernes, rides, chute de cheveux, souffrance et agonie. Et la dévotion entourant ces signes atteint le culte imbécile. Dorian Gray, dans son masque mortuaire.
Alors on nous la sert, entrée, plat et dessert: vous prendrez bien encore un peu de mort? «La mort, c’est vous, c’est nous.» Est-ce triste... Le succès des séries hospitalières, la complaisance morbide et masochiste, l'autoflagellation et le millénarisme affichés des autoproclamés "spectacles vivants", et la terreur "raisonnable" des catastrophes, cracks boursiers, fonte des glaces, hausse des océans, pénuries énergétiques, pandémies, terrorismes, décadences et dérélictions... n'ont pas besoin d'être pensés.
Que d'empathie pour les moribonds!
La religion du 21e siècle, c'est la mort et son culte. Ce début de siècle ressemble à s'y méprendre à la fin du pénultième. Il moisit.
Ad nauseam, on croque la mort.
Dans les productions contemporaines, plus rien ne grouille, que les virus des pandémies et les asticots de la décomposition. On ne dévoile plus rien que la mort, qu'on n'ignorait pas, depuis l'âge de quatre ans, et, sous des couches de catafalques, on nous dérobe le monde, qui n'a jamais cessé de grouiller, de vie.
On ne voit plus qu’elle, la mort, alors que nous, n’est-ce pas, l’on ne meure ni ne tue: on est civilisés, madame! L'on se croit bon, avec ça... bon d'une bonté qui n'aime rien tant que le spectacle de la destruction, d'une bonté mièvre de compassion pour les bonnes sœurs des mouroirs, plus que pour les mourants eux-mêmes. Pris d'une sainte horreur devant les charniers des guerres et des tsunamis, parcourant les pages "société" de la première Dernière Heure venue (quel titre! quel journal!), nous ne ferions ni ne vivrons cela, nous, mais on n'en vit pas davantage et l'on refuse de voir et d'agir notre saine, féconde et virulente violence propre: nous ne sommes pas des Texans et, en ´40, on n'était même pas nés. Mais, obsédés de la mort, gaulés par les pendus, sommes-nous encore vivants? On consomme, certes, et de la mort en tête. (C’est pour mieux l’en chasser qu’on consomme, bien entendu. Ah! Que c’est bien fait!)
Alors que nous savons, n'est-ce pas, que le véritable drame qui se joue sous nos yeux n'est pas la mort ni la fin de tout, mais l'absence à l'Être! Et la vie? Pan est-il mort?
L'homme est le berger de l'Être et l'art est ce qui dévoile un monde (M. H.). Il est partout le monde, et plein d’une riche profusion, insondable et vivant, ni plus ni moins qu’hier. Mais, tout occupé à contempler ces masques fardés, on ne voit plus rien autour, que dentelles noires, encens, sépulcres...
L'art après l'holocauste a vécu.
Il était temps de renverser cette idole pourrie.
Est venu le temps, enfin, de l'art après «l'art après l'Holocauste»!
SCOOP!
Ce cri de Xavier Löwenthal, revu et augmenté, fera l'objet d'une publication aux éditions Mäelstrom… et le livre sortira le 25 janvier 2009, à 14h30, place Emile Bockstael, soit en prologue de la manifestation, évidemment:
Rascar Capac sera là!
Ne clamsez pas le 25 janvier 2009 entre 14h30 et 16h30!
À l'instar de Charles d'Ursel qui, du haut claudiquant de ses 87 ans, sera en tête du cortège des manifestants, suivi par le blanc corbillard du noir cercueil de feu la Mort, engagez-vous solennellement à ne pas décéder le 25 janvier 2009 entre 14h30 et 16h30:
Se sont engagés: Fredji Hayebin (1971), Xavier Löwenthal (1970), Michel Vandenhove (1963), Laurence Bruley (1203) (sic), Isabelle Haumesser (1982), Xavier Wéry (1959), François, Yvernat (1967), Joël Splingard (1966), Magda Dimitriadis (1970), Micheline Doke (1931), Christian Rozet (1961), Nicolas Therrien (1970), Laurent d'Ursel (1959), Jacques Anneet (1933), Benoit Renneson (1966) ... et Pierre Yves Lador, cofondateur en 1970 du Comité pour l'Abolition de la Mort dont le slogan était: "Mort à la Mort", et qui n'a rien perdu de sa verve:
"nous sommes tous vivants bien sûr, virtuellement au moins, comme Saint Eloi, nous bandons encore et nous explorons les états intermédiaires entre la bande et la débandade, l'immobilisme et le mouvement, le manifesté et le non manifesté, la vie et la mort, aussi comprendrez-vous que nous participerons en Suisse à la marche manifeste en traversant de 14h30 à 16h30 ce 25 janvier un champ de neige vierge, blanc donc, à l'altitude de 1917 mètres en souvenir d'un massacre qui s'est produit à cette date et pour ce faire nous traverserons toutes les altitudes années depuis l'an mil jusqu'en l'an 2009, toutes anniversaires de ces vivants qui ont accepté d'être tués par l'infâme, en montant en raquettes, en nous riant à chaque mètre de cette noire et squelettique limite, jouissant de la vie au soleil ou à l'ombre des nuages et rêvant dans cet état modifié de conscience dans lequel il n'y a pas de mort. Nous l'enneigerons quand vous l'enterrerez. Elle fondra au printemps avec la neige et vous verrez alors un peu de vapeur monter au ciel, un petit nuage de mort qui fécondera nos cultures...
allez salut, marche ou crève" (14 janvier 2009)
Nouvelles contributions!
Notre destinée: vivre entre 2 eaux. L'eau-de-vie et l'au-delà.
"Vous êtes pas tannés de mourir, bandes de caves? C'est assez! " (traduction: Vous n'en avez pas marre de clamser, bande d'idiots? C'est assez!)
Soyons courtois avec la mort: offrons-lui d'abord un grand ver de bière, puis une éjac faciale pour lui apprendre à vivre!
"Toutes les morts sont les mêmes, ce n'est que les vies qui se différencient."
"Privée d'r, la mort meurt d'asphyxie dans le mot"
"Je ne mourrai pas, même si on me tue! "
"Le défi est l'éternité choisie, toute religiosité bue! Du pinard pas baptisé. Du sang dans nos veines. La mort, mords-la! Pas mort, mords-moi le noeud! Yeaah. La mort, une question de fine particule? M' ors et déjà, vivant! Mort? Mords-lui la queue!"
"C'était une marquise, à la cour de Louis XVI, qui prétendait qu'en se concentrant suffisamment, l'on pouvait s'empêcher de mourir… Elle n'est probablement morte que d'une distraction..."
"À l’infini la route du Nord lâche longuement Le courage, la peau, le vagin couvert de sang, L’on vibre en allumant la lampe car l’on a froid, L’on a peur, mais tant pis, personne ne prête attention à personne. Silencieuse, la peau s’abandonne à la crique, Vide et morveux l’on renifle après la ville Comme dans une poche d’air les haleines épaisses Et les dos, sacs mouillés, puent dans ces bus. Certains savent que placés entre deux points L’observation échoue: manque de temps, manque de distance, Et excès de point de vue. Croisons les fers: Mutisme et cri, glace et lave, point final. * Finie toute mord la tâche d’être, Rage, eau, vague, le vin t’ouvre Sur la vibration des lumières, Coule en vapeur rouge, comme d’un pis le lait sur l’herbe. Le cirque des os qui claquent, l’on rit En claquant des pieds, l’armée commande qu’on y aille À la boucherie, on hoche la tête et l’on respire Glacé de la tête aux pieds, derrière la haie des arbres. Au môle frappé des souffles qui viennent de loin, Les nuages arrachés en morceaux coupent, hachent, Salement les usines toussent d’une odeur de frites; Suffit! l’on a assez crevé pour aujourd’hui."
La parole aux contre-manifestants
On s'attendait aux objurgations de la Fédération des entreprises de pompes funèbres et de l'Association des gériatres de Belgique... mais on a surtout reçu les leçons de morale indignées de bien-pensants au faîte de l'actualité, à l'idée que nous manifestions en janvier 2009 contre autre chose que la guerre à Gaza. Comme si la manifestation contre la mort n'était pas en même temps une manifestation contre les morts à Gaza!
A part ça:
la parole est aux contre-manifestants
La vie est une maladie que seule la mort guérit!
La Mort est le fruit macabre de la Vie, elle-même par essence thanatophore…
Si on arrête la mort comment va-t-on se débarrasser des belles-mères? Comment va-t-on éliminer les politiciens? Comment la mafia peut-elle survivre? Et les marchands d'armes? A quoi va servir le cancer? Et qu'est ce qu'on fait des maladies infectieuses? Et de l'espoir? pensez à tous les oppressés qui rêvent que leur dictateur passe l'arme à droite (oui, vu qu'ils sont déjà soi-disant à gauche). Plus de mort… plus d'espoir. En plus on va se marcher sur les pieds. C'est là que le baby boum va nous péter à la gueule. Je viendrai. Mais je serai opposant! Contremanifestant! Il ne s'agit pas de me priver de ma mort! C'est la mienne et je me la garde.
La mort a évidemment certains inconvénients. Néanmoins, elle a aussi des avantages si l'on songe à la mort de Napoléon, de Staline, d'Hitler, de Pol Pot , de Pinochet, juste pour citer les premiers malfaisants qui me viennent à l'esprit. C'est vrai, la mort, ça commence à bien faire! Toutefois, elle s'occupe suffisamment de nous de matière naturelle sans qu'il soit utile de lui donner un coup de main, surtout quand elle ne demande rien; mieux, de faire du zèle! C'est pourquoi, si je suis d'avis qu'on peut rire de tout mais que ça dépend avec qui, j'ajouterai que le moment a aussi son importance. Je me demande donc s'il est bien judicieux de rire de la mort avec qu'il se passe en moment en Palestine où ses thuriféraires de tous poils s'en donnent à cœur joie.
La pierre tombale refusée par la Ville de Bruxelles
Pour une science de la mort à la mort
Hymne
Tombeau de Madame la Mort (sur l’air bien connu de La vie en rose)
Bien sûr qu’elle fauche comme une obscène,
À qui mieux mieux et à cœur joie,
Même des gosses moches de bourgeois!
Pour tous, la coupe est pleine!
Quand elle colle un sparadrap
Sur notre ultime soupir,
Personne ne peut grand-chose!
C’est une top serial killeuse,
De tout rêve, l’étrangleuse,
De la vie, la sclérose!
Et cett’ faiseuse de bordel,
Fausse salope en jarretelles,
S’rait dans l’ordre des choses?!
Royale et puissante, oui, Madame est d’enfer,
Mais faut’ de patience, elle gâche l’atmosphère!
Forçons l’impossible trêve:
Contre la nécropathe
On se soulève!
Soyons zombies ou revenants!
Vive la nouvelle schizophrénie:
Déjà morts mais encore vivants!
Madame, qu’est-ce qu’on vous nie!
Quand elle colle un sparadrap
Sur notre plaisir d’être,
Personne ne peut grand-chose!
Cette serial génocidaire
Aux lèvres délétères
Nous fout la sinistrose!
Défions-la au bras d’honneur,
Pieds d’ nez au postérieur!
La vie, c’est grandiose!
Royale et puissante, oui, Madame est d’enfer,
Mais faut’ de patience, elle gâche l’atmosphère!
Forçons l’impossible trêve:
Madame la nécropathe,
On vous dit: «Crève!»
SLOGANS
Avec la manifestation “La mort commence à bien faire!”, le Collectif MANIFESTEMENT reçoit le label «art contemporain» de main de maître: «D’ailleurs, c’est toujours les autres qui meurent.»
Marcel Duchamp
Une autre religion est possible! Il ne faut pas croire à la mort.
Paul Fort
C’est l’histoire de la peinture qui se retourne dans sa tombe: la manifestation “La mort commence à bien faire!” est une vanité d’un genre nouveau.
Retourner la mort contre elle-même, c’est s’inscrire en faux contre sa suffisance... avec sa propre faux!
Il n’y a rien qui vaille en-deçà, où tout n’est que malentendus, confusions, drames.
La vie commence par-delà le sujet et l’objet.
La mort idem.
Bon appétit! «Ceux qui aiment la mort aiment la merde.» Léon Schwartzenberg Commençons par lui refiler notre torticolis! Regarder la mort de haut ne peut lui faire que du tort. «La mort est la mort de la mort.»
Ludwig Feuerbach
La mort de la mort est l’ultime hoquet de la mort de Dieu.
Tête-à-queue optique dans le cul-de-sac de l’existence: la mort, à y regarder de près, précède la vie.
La manifestation “La mort commence à bien faire!” est la première psychanalyse collective en plein air! Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité. (Sigmund Freud)
Est-ce parce que «La mort n’est pas artiste» (Jules Renard) qu’il y a plein d’artistes dans le Collectif MANIFESTEMENT?
Pour une congélation (immodérée) du temps! L’œuf humain congelé, provisoirement mort, marque une transition nouvelle entre vie et mort.
Jacques Testart
Fini la plaisanterie! Vive le sérieux! Par plaisanterie, “mort guéri” signifiait “débarrassé d’une chose pénible”.
On dira que le Collectif MANIFESTEMENT a mis le même accent circonflexe sur la réconciliation de l’âme et du crâne.
La mort, c’est téléphoné!… et quand elle sonne, c’est nous qui sommes occupés.
«Les artistes sont des meurtriers de la mort.»
Pascal Quignard
Dans sa tombe, la mort emportera la religion (besoin de survivre), la guerre (besoin de tuer) et le sexe utile (besoin de se reproduire): il ne restera plus, après, que le bonheur du plaisir, l’inanité de l’amour et la vanité du désir.
Purée, le cul! Faut que je trépasse cette nana... Pourvu que sa tronche soit à la hauteur! C’est qu’elle trotte vite, en plus, la garce... Après la manifestation “La mort commence à bien faire!”, trépasser renouera avec son sens originel: “dépasser en marchant”.
Être un minuscule demi-dieu ou un super héros lilliputien ou le plus déchu des anges? Le ressort du phantasme est toujours mystique. «Car je meurs de ne mourir pas.»
(Sainte Thérèse d’Avila)
Défier la mort est infantile mais… s’y fier est débile! Après la manifestation “La mort commence à bien faire!”, seules les taupes défoncées s’amuseront encore à manger les pissenlits par la racine ... et les végétariens fondamentalistes!
C’est la promesse de la mort qui gangrène la certitude de la vie!
Comparée à l’au-delà, l’éternel retour, la réincarnation, la métempsycose, la transmigration, le Ciel, l’Élysée, les limbes et autres variantes de l’inhumaine, trop inhumaine survie… la mort de la mort est un canular autrement fun, nouveau et attentatoire!
Orgasme a d’abord signifié un vif accès de colère. Or la «petite mort» désigne l’orgasme. Donc fulminer contre la mort est jouissif. (sophisme syllogistique de circonstance n°1)
Dans sa tombe, la mort emportera la distinction âme-corps. Mais le matérialisme ainsi radicalisé restera profondément sentimental. Qu’on se rassure!
Ce n’est pas le bout du monde! On n’exige pas la vie éternelle mais une vie à durée indéterminée.
Tactique 1. Construire une porte et l’installer quelque part. 2. Chercher la Mort sans la trouver. 3. La regarder en face et lui montrer où est la porte. 4. Pouffer.
L’éternité maintenant durera moins longtemps. Qu’on se rassure!
On cultivera des amanites phalloïdes, puis en fera de l’engrais bio! Il faudra bien que la pulsion de mort se recycle de quelque façon.
- Dira-t-on «la feue Mort» ou «feu la Mort»?
- Les deux sont déjà admis.
- Et son fantôme hantera nos futurs cauchemars?
- En ce sens, rien n’aura changé. En effet.
Nier l’évidence de la mort, c’est faire danser le vide qu’elle fomente!
«Si au moins, Madame la Mort, il vous était passé par la tête de regretter, nous expliquer, vous excuser, on eût pu, éventuellement, négocier, temporiser, pactiser. Mais rien. Pas un mot. Pas un geste. Juste cet infâme sourire qui tend les lèvres.»
Tout et n’importe quoi!
«La mort est une dette (…)» (William Shakespeare)
«La mort est un moissonneur (…)» (Miguel de Cervantès)
«La mort est un petit oiseau (…)» (Achille Chavée)
«La mort est une compétition (…)» (Maurice Chapelan)
«La mort est un clou (…)» (Christian Bobin)
«La mort est un bon pasteur (…)» (Alphonse Rabbe)
Avaler son extrait de naissance restera une grosse connerie. Qu’on se rassure!
La fin de la mort, c’est l’assurance-vie du futurisme existentiel.
On verra bien le 25 janvier 2009 que l’amour de la vie est une (terrifiante) affaire de santé.
Faire ceci ou faire cela. Éros ne manquera pas d’occupation sans son vieux pote Thanatos. Sauf à préférer se tourner infiniment les pouces. Suspense.
Combien de mots faudra-t-il forger pour combler le nouveau continuum entre “vivant” et “mort”? Mystère.
La mort restera un beau mot, c’est-à-dire une chouette idée. Qu’on se rassure!
Le purgatoire était le plus juste synonyme de la vie. L’illusion aura été de vivre de sporadiques avant-goûts d’enfer et de paradis. Le purgatoire est la vie purgée de l’idée d’enfer et de paradis posthumes.
«D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour.»* Tout ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir!* (Molière, Le Bourgeois Gentilhomme)
La vie avait un plan B: la mort n’existe pas!
“La mort commence à bien faire!”: MOBILISATION GÉNÉRALE.
«Tu viens ou tu crèves!»
Ce n’est pas le tabac qui tue: c’est la putain de mort!
La Mort reposera en paix: sa tombe se refermera sur les rabat-joie qui voudraient la profaner. Qu’on se rassure!
Bien sûr qu’on va crâner! Le squelette est, à l’intérieur de chaque manifestant, son allié le plus intéressé.
Abandonnons aux poètes indigents le soin de mourir de leur belle mort!
Apprendre à vivre ou désapprendre de mourir? C’est la même chose.
Réveillez-vous, les morts: LA MORT EST FINIE!
Un peu de tenue, que diable! La mort est un manque de savoir-vivre. (Alphonse Allais)
Un peu de sérieux, que diable! On joue à être d’accord avec la mort. (Françoise Dolto)
Un peu de concentration, que diable! Mourir est une distraction. (Wolfgang von Goethe)
Un peu d’imagination, que diable! La mort est une maladie de l’imagination. (Alain)
Un peu de classe, que diable! La mort n’est que pour les médiocres. (Alfred Jarry)
Un peu de mémoire, que diable! Nous sommes des morts qui se souviennent. (José Cabanis)
Un peu de logique, que diable! Puisque je mourrai, je suis mort. (Jean Cocteau)
Un peu de liberté, que diable! Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. (Spinoza)
La civilisation occidentale ferait l’impasse sur la mort. Eh bien, vous n’avez encore rien vu!
Dieu a donné sa chance à la mort. Or la mort l’a gâchée. Donc Dieu n’existe pas. (sophisme syllogistique de circonstance n°2)
CONCOURS INTERNATIONAL DE COMPOSITION CONTEMPORAINE Thème imposé: Le requiem de la mort Style recommandé: désopilant néo-lyrique flou avec effets féeriques, parfois Date limite: 25 janvier 2009 à 14h30
Justice sera faite: enterrer la mort, c’est la prendre à son piège de prédilection.
La mort arrive toujours à ses fins parce qu’on n’a jamais osé... lui faire perdre tous ses moyens.
Sûr qu’on va la regretter! ... avec tous ces jolis mots bientôt taxés de nullité: agonie, défunt, embaumeur, funèbre, funeste, funéraire, épitaphe, mortifère, nécropole, lugubre, macabre, régicide, immolation, cadavre, macchabée, sépulture, catacombe, ossuaire, mausolée...
L’ambition du Collectif MANIFESTEMENT: mettre les pieds de la mort dans le plat de l’encéphalogramme.
Justice sera faite: enterrer la mort, c’est la prendre à son piège de prédilection.
«Ou je rêve, ou ces écervelés blasphèment la raison.» Un badaud (découvrant la manifestation le 25 janvier 2009) «Ou ma montre est arrêtée, ou cet homme est mort.» Groucho Marx (prenant le pouls d’un malade)
Après le 25 janvier 2009, quelques pays n’auront pas l’air malin! Afghanistan, Antigua-et-Barbuda, Arabie saoudite, Autorité palestinienne, Bahamas, Bahreïn, Bangladesh, Barbade, Bélize, Biélorussie (Bélarus), Botswana, Burundi, Cameroun, Chine, Comores, Corée du Nord, Corée du Sud, Cuba, Dominique, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, Éthiopie, Guatémala, Guinée, Guinée équatoriale, Guyana, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Jamaïque, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Koweït, Lésotho, Liban, Libye, Malaisie, Mongolie, Nigéria, Oman, Ouganda, Ouzbékistan, Pakistan, Qatar, République démocratique du Congo, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Sierra Leone, Singapour, Somalie, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Taiwan, Tchad, Thaïlande, Trinité-et-Tobago, Viêt-Nam, Yémen, Zimbabwe, tels sont les pays n’ayant pas aboli la peine de mort.
L’article de la mort auquel on serait tous est désormais indéfini!
Porter le deuil de l’idée de sa mort. Qui dit mieux? Porter sa croix?
Oui! la manifestation sera une parodie. Mais de quoi?
La mort prend la majuscule quand elle est personnifiée? La mort se fait minuscule quand elle prend la porte!
- Tout est parti d’une apparition: et si nous étions des revenants de loin, un pied déjà hors de la tombe, un autre toujours dans le plat?
- Une utopie à la fois biologique et politique.
- Plutôt un pari prophétique. Pour changer.
Enterrer ou incinérer la mort? Poser la question est ne rien comprendre à la vitalité du concept.
Quelle superbe! Quelle intransigeance! Quelle efficacité! C’est tout ça qui a fini par lasser.
En élevant chacun au rang ontologique de «super zombie», «spectre de soi», «avatar du moi» ou «momie animée», le Collectif MANIFESTEMENT écrit une page de littérature fantastique. Or la littérature fantastique est un genre réputé mineur. Donc la contre-manifestation fomentée par les entrepreneurs de pompes funèbres sera un événement majeur. (sophisme syllogistique de circonstance n°3)
Enfin une manif pour les chauffards, les kamikazes, les martyrs, les victimes, les condamnés à mort… sans oublier les vieux incurables, grabataires, cacochymes, rachitiques, patraques, détraqués… et (surtout) les jeunes claustrophobes!
- On nage en pleine irrévérence surnaturelle!
- Oui: ça va fanfaronner sec, frimer doux, rire fort.
- Et après?
- On posera un regard neuf sur les autres prémonitions du Collectif MANIFESTEMENT.
Joli bras de fer en perspective entre Dieu et Morphée: s’endormir n’empêchera plus de se réveiller à côté de qui?
Ni mort, ni vivant: enfin de la nuance, de l’équivoque, du flou artistique total ambigu!
Certes, la vie tient d’un «absolument trop», qui est à son principe. Parce qu’elle vandalise plutôt qu’elle n’épuise, la mort est la vraie fausse bonne solution.
En droit ancien, on disait: «Le mort saisit le vif». En droit prochain, idem.
Saint Paul a posé un jour une devinette aux Corinthiens qui s’en grattent encore la tête: «Mort, où est ta victoire?» Le Collectif MANIFESTEMENT a trouvé la réponse: «Où tu l’as mise!»
Avant, on luttait contre la mort en dopant l’espérance de vie. Après, on mènera une mort de bâton de chaise pour se donner l’impression de vivre quelque chose. La présomption est intacte: ouf!
Si Dieu nous prête vie…?! Taratata! Après le 25 janvier 2009, il nous la donne!
Circulez! Y a plus rien à mourir! Et qu’on ne vous y reprenne plus!
Si la Mort était chatouilleuse, il suffirait de viser ses aisselles. Or personne ne l’a jamais vu baisser les bras. Donc la Mort n’est pas chatouilleuse. (sophisme syllogistique de circonstance n°4)
Au moins, on ne courra plus contre la montre.
Au moins, la peur de la mort aura perdu son objet.
Au moins, la vie sera un peu moins tabou.
SALMIGONDIS
Le film de la manif
(à venir...)
Soutiens, sponsors et collaborateurs
La manifestation ne serait pas aussi prometteuse et enthousiasmante sans le soutien généreux de Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l'Audiovisuel.
Merci à l'échevin en charge des cimetières, Hamza Fassi-Fihri.
Merci à Delphine Piron, Robert Devillez, Guido Dierckens, Henri Hemdboeg et l'équipe des fossoyeurs du cimetière de Laeken, de la ville de Bruxelles.
Merci aux transporteurs de Rascar Capac: Denis Lafosse, Sylvain Paris, Fred Nardin & Xavier Wéry. Merci aux diffuseurs des affiches & flyers: Dawa (Thomas Mercier) et son équipe (Manue, Cide & Névrozz).
Bilan, suites et retombées
Trois personnes, spontanément, ont dit que c'était la plus belle manifestation du Collectif MANIFESTEMENT...
... mais tout le monde n'était pas au rendez-vous, 150 personnes tout au plus. Pourquoi? Parce qu'au même moment marchaient 8.000 personnes en hommage aux 3 victimes du tueur fou de la crèche de Termonde. Ah! la tyrannie qu'exerce le particulier sur le général! Le grand philosophe Hegel la dénonçait déjà!
Revue de presse
La manifestation est déjà annoncée dans le journal Le Monde du 1er novembre 2008, génialement anticipée dans le dernier chef-d'oeuvre de J.K. Rowling, annoncée sur France-Inter ("Là-bas si j'y suis", Daniel Mermez) le 14 janvier, alors que sortait dans Le Soir. La Radio Canada ("Macadam Tribus" de Jacques Bertrand) et la RTBF (Pure FM) ont interviewé le Collectif MANIFESTEMENT les 22 et 23 janvier. Un reportage sur la manifestation a été diffusé dans le Journal de Télé-Bruxelles le 25 janvier.