Les SDF descendent dans la rue pour exiger une baisse du prix de l’alcool!


ou «Peut-on secourir sans redresser?»

En ouverture de "2010, année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale"

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Le 24 janvier à 15h, gare du Midi


Lien d'édition secret: https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/anonymous-edit/217335:yRfil39YimmXHNRj_RMKpxW2dak

Concept

Il faut tirer sur la morale.
Friedrich Nietzsche, cité en exergue de Le sang nouveau est arrivé. L’horreur SDF, de Patrick Declerck
Au nom de l’art vous pouvez faire quelque chose que vous ne pouvez pas faire en politique.
Plutôt que de pousser des cris d’indignation, il vaut bien mieux utiliser le tabou de l’art pour rendre les choses possibles.
Jochen Gerz, artiste, à propos de son travail avec des SDF
Comme à des enfants, on dit non aux sans-abri, soi-disant pour les responsabiliser. Mais c’est le contraire qu’il faudrait faire: dire oui à tout!
Luc Monti, directeur d’un centre d’hébergement d’urgence
Éviter les deux écueils de la normopathie («il faut qu’ils veuillent être comme nous») et de l’assistanat vétérinaire («ils ont avant tout besoin de manger et de s’abriter»): l’exercice est difficile…
Véronique Mougin, Les SDF, p.97
C’est cette permission accordée à l’autre de continuer à exister au long cours dans ses dysfonctionnements bizarres, ainsi que la tolérance accordée aux bénéfices primaires et secondaires qu’il en retire, qui fait de la fonction asilaire la réponse sociale adéquate à la grande désocialisation. La fonction asilaire n’est rien moins, in fine, que l’acceptation sociétale des clochards tels qu’ils sont, aberrations comprises […] sans contrepartie et sans espoir de devenir un jour autres que ce qu’ils sont. […] L’enjeu, ici, n’est rien moins que celui d’une redéfinition du contrat social et de la suspension du désir (et du besoin) de la société à vouloir normaliser ses membres.
Patrick Declerck, Les Naufragés, pp.362-363
Si on s’en sort, c’est parce qu’on se bouge évidemment, mais c’est aussi parce des gens nous font confiance. Le regard des autres est fondamental. Les inclus ont peur d’aller vers nous, ils ne veulent pas nous voir.
Fabrice, SDF

Si l’on exclut de l’entreprise et du débat les SDF (s’ils existent!) qui refusent consciencieusement de (ré)intégrer le «système», si l’on rappelle que les membres de toute «population» constitutive du tissu social (fût-il décousu, rapiécé, râpé ou totalement effiloché) marquent leur inscription dans le «système» par l’identification et la défense de leurs «intérêts corporatistes», et si l’on admet que les SDF constituent une «population» reconnaissable, entre autres, à la part importante prise en moyenne par l’alcool dans les dépenses courantes de ses membres, il suit qu’une manifestation de SDF réclamant une baisse du prix de l’alcool s’inscrit parfaitement dans la logique du «système» dont on leur reproche (variante: on les plaint) d’avoir décroché et qu’on espère les voir (variante: les aide à) (ré)intégrer.

Au cœur du projet, il y a donc la volonté / le pari / la nécessité de revoir à la hausse le statut des SDF classiquement défini par la négative: ne pourraient-ils pas aussi être des acteurs de leur propre émancipation, qui s’emparent de l’espace public pour faire valoir leurs revendications?

L’objectif de (ré)insertion ne peut-il être pensé qu’en termes socio-économiques, c’est-à-dire d’accession (illusoire le plus souvent) à un travail? La lutte contre les inégalités sociales ne passe-t-elle pas aussi par un combat contre la société du mépris et de l’humiliation, contre la tyrannie de la performance obligée et de l’autonomie obligatoire, contre l’idéologie du mérite et de la faute, contre la fabrication de la honte et de la culpabilité?

Faire l’objet d’aide sociale et être sujet politique, est-ce incompatible? Peut-on bénéficier d’«aide» et prétendre au «superflu»? L’état de besoin extrême rend-il indécent, ou inepte, ou coupable, l’état de désir? User de son droit à l’assistance diminue-t-il son droit à la parole?

Et une manifestation est toujours une prise de parole et la parole des SDF est cela même qu’un paternalisme radical à leur endroit risque toujours inconsciemment de confisquer.

Au cœur du projet, il y a la volonté / le pari / la nécessité de ne pas préjuger du contenu de cette parole, quand bien même il touche un sujet aussi éminemment problématique que l’alcool.

Et une manifestation est toujours aussi une opération de visibilité, l’occasion, non d’être vu à son insu, évité du regard ou pointé du doigt, mais de se montrer, de s’affirmer, de s’imposer à la vue: d’être, une fois, regardé en face.

Et une manifestation est toujours aussi une montée en puissance, ce qui, s’agissant de personnes radicalement dépourvues de pouvoirs, constitue déjà en soi un renversement, tout infime soit-il, de la réalité.

Et une manifestation est toujours aussi une accélération du réel, comme le mouvement subitement incontrôlable et parfaitement fugitif d’une «fête».

Et ce sera la fête le 24 janvier 2010!

ARGUMENTS


Pourquoi le Collectif MANIFESTEMENT fera-t-il grève le 24 janvier 2010?

Scandalisé par sa sous-évaluation des moyens (plus humains et logistiques que conceptuels ou politiques) à mettre en œuvre pour mener à bien cette manifestation délicate entre toutes, le Collectif MANIFESTEMENT s’est retrouvé dans l’obligation de partir en grève contre lui-même le 24 janvier 2010, date prévue de la manifestation «Les SDF descendent dans la rue pour exiger une baisse du prix de l’alcool!»

Une manifestation mort-née? Peut-être pas. Suspendue jusqu’à nouvel ordre, le temps de fédérer suffisamment d’énergies pour revoir notre mise en oeuvre.

Les temps sont durs pour les projets sur le fil du rasoir de l’(in)admissible!


Une manifestation immorale, nietzschéenne... et «declerckienne»?


On cherche des volontaires pour inviter les SDF à manifester le 24 janvier!

Parce que le Collectif n'est pas (du tout!) assez nombreux… ...et qu'on estime à 1800 le nombre de SDF à Bruxelles… (reddit, 2018: près de 3000, au dernier décompte.)

On cherche des volontaires pour faire passer l'info auprès des SDF, afin qu’ils soient nombreux le jour de la manifestation, le 24 janvier 2010.

Affiches et flyers (multilingues) seront fournis aux volontaires.

La mobilisation peut commencer dès à présent mais sera surtout nécessaire durant la semaine précédant la manifestation, soit du 16 au 23 janvier.

Des réunions d'information, débats et échanges seront bien sûr organisés avec les volontaires.

Intéressé(e)? Intrigué(e)? Interloqué (e)? Merci de contacter dès à présent le Collectif


Qu'en pensent les SDF?

Bruxelles nous appartient asbl / Brussel behoort ons toe vzw centralise les interviews de SDF réalisées par des bénévoles, pour savoir ce qu'ils pensent du projet de manifestation.

Vous désirez interviewer des SDF par rapport au projet de manifestation? Contactez BNA-BBOT!


Qu'en pensent les personnes /associations du terrain de l'aide sociale?


Associations du terrain de l'aide sociale ouvertes au débat et / ou prêtes à collaborer

«L’intéressant n’est pas de savoir si je profite de quoi que ce soit mais s’il y a des gens qui font telle ou telle chose dans leur coin, moi dans le mien, et si il y a des rencontres possibles, des hasards, des cas fortuits, et pas des alignements, des ralliements, toute cette merde où chacun est censé être la mauvaise conscience et le correcteur de l’autre.»
Gilles Deleuze, Pourparlers, 1990

Aux acteurs du terrain de l'aide sociale, plusieurs formes de collaboration avec le Collectif MANIFESTEMENT sont possibles:

  • faire circuler l'information: transmettre au Collectif les coordonnées de toute personne susceptible d'être intéressée par le projet de manifestation; relayer l'information concernant la manifestation auprès de leur public et de leurs contacts (mailing, affichage, dépôt/distribution de flyers...);
  • soutenir le débat: relayer et susciter le débat auprès des SDF fréquentant les organisations d'aide, soit en permettant au Collectif d'y présenter sa démarche lors de rencontres avec le public SDF, soit en initiant et en encadrant soi-même ce débat auprès de ce public;
  • participer au débat: partager une expertise, un questionnement, la critique en envoyant ses réactions à l'adresse du Collectif;
  • participer avec le Collectif à la préparation de la manifestation, à la réflexion sur le projet, à l’enrichissement du site du Collectif (par exemple en alimentant l’espace qui y est prévu pour les réactions (positives ou non) des SDF au projet, et / ou à la confection avec des SDF des banderoles et calicots de la manifestation.

ASSOCIATIONS OUVERTES AU DÉBAT et /ou PRÊTES À COLLABORER:

Le Petit Village asbl. Contact: Esteban Vasquez.
DUNE asbl. Contact: Anne-Françoise Raedemaeker.
Clos Sainte-Thérèse asbl. Contact: Murat Karacaoglu

ARCHIVES SONORES:

Afin d'enrichir sa propre banque d'archives sonores bruxelloises, la collecte des réactions (positives ou négatives) des SDF à l'initiative de la manifestation est assurée et centralisée par: BNA-BBOT asbl/vzw. Contact: Séverine Janssen


Compte-rendu de la réunion d’information et d’échange du 16 juin 2009 avec les acteurs et associations de l’aide sociale à Bruxelles


Compte-rendu de la réunion d’information et d’échange du 15 septembre 2009 avec les acteurs et associations de l’aide sociale à Bruxelles


Le Collectif MANIFESTEMENT appuie l'opération Soutien à la STIB dans sa lutte contre la misère lancée par un Mouvement citoyen d'action spontanée le 16 novembre 2009

d'action spontanée le 16 novembre 2009
Le Collectif MANIFESTEMENT appuie l'opération


Soutien à la STIB dans sa lutte contre la misère


lancée par un Mouvement spontané d'action citoyenne le lundi 16 novembre 2009 (info: mendicite@gmail.com)


Hymne

Hymne des SDF exigeant une baisse du prix de l’alcool

(sur l’air bien connu de La vie en rose)

Bien sûr l’alcool nous fauche la vie,
Et ce n’est pas «la vie en rose»!
Mais à la longue, à forte dose,
L’alcool, c’est notre amie!

Quand la violence fait relâche,
Que la peur bleue se cache,
Nous voyons bien des choses!
Du «système», on est le baume,
La fausse note, le symptôme,
Le trou noir, la cirrhose!
Même de la gloire des «people»,
De la foi des bégueules,
Un trauma est la cause!
L’alcool est une loupe, un miroir, un enfer,
Pardonnez aux lâches de ne savoir y faire!

À notr’ santé de travers,
À votr’ santé de fer,
Buvons mille verres!

Nous, les faux fous, fauchés, foutus,
Avons l’ devoir d’avoir le droit
De boire votre aide et de parler
Du coût d’ la vie des rois!

Quand la violence se déploie,
Que la peur bue se noie,
Nous n’ voyons plus grand-chose!
Le «système» fuit de toutes parts,
Titube, vasouille, s’égare,
Vomit sa sinistrose!
Le «moi» se vide et s’oublie,
Se défausse, fait sous lui:
Qu’exulte la psychose!
L’alcool est une loupe, un miroir, un enfer,
Pardonnez aux lâches de ne savoir y faire!

De notr’ santé de travers,
De votr’ santé de fer,
La mise en bière!



SLOGANS

Sans slogans

SALMIGONDI