Ces juifs qui sont nulle part

 

En voie de disparition, cette espèce floue de juifs partage cependant des caractéristiques communes. Afin d’en garder une trace pour les manuels post-diasporiques, en voici une esquisse.

Ils revendiquent leur judaïsme sans le rattacher nécessairement : ni à la religion, ni aux traditions, ni à l’État d’Israël. Notons que cette position se fragilise de plus en plus depuis que l’on confond « l’armée juive » avec l’armée d’Israël ou le boycott des produits de ce pays avec l’antisémitisme.

Leur appartenance se fait plutôt sur le mode du non-lieu ou de la déterritorialisation. Elle se caractérise par un « esprit » qui puise ses racines tant dans la cuisine que dans l’humour ou la philosophie. Proche de W. Allen ou de Levinas, leur question juive est à la fois intime et extime.
 
À l’heure où les particularismes aiguisent les sentiments d’appartenance et de replis, y compris sur le mode de l’affirmation guerrière, saluons la position aérée de ces juifs, qui, parce qu’ils sont nulle part, sont n’importe où, et surtout pas là où on tatoue pour mieux classer.

La diaspora multimillénaire a trouvé sa terre promise : le cerveau.

 

Serge Goldwicht

 

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