Léon de Mattis (1969?- ---)
écrivain français

Extrait de Mort à la démocratie, Altiplano, 2007, p.60-61 :

« La démocratie respecte la volonté de l’électeur comme le bourreau respecte les dernières volontés du condamné à mort. […] Bien plus que l’abstention, c’est le vote qui fait du citoyen le complice des infamies de pouvoir. […] L’effondrement des illusions démocratiques effraie les classes moyennes qui n’arrivent pas à se reconnaître pour ce qu’elles sont vraiment dans le système capitaliste : un segment du prolétariat, c’est-à-dire de la classe exploitée. »

D'où se déduit le slogan suivant :

Un électeur votant est un prolétaire masochiste…
ou un bourreau convaincu !

Idem, p.70-75 :

« Le démocratisme se répand sur les luttes sociales. […] En créant à l’idée séduisante de la ‘démocratie directe’, on se condamne d’avance à l’incapacité d’agir. L’exemple le plus navrant en a été donné [en France] par le mouvement contre le contrat première embauche du printemps 2006. […] Ainsi, un acte illégal se trouvait-il paradoxalement rattrapé par la logique procédurière de la démocratie. À quand des débats et des votes avant de balancer des pierres sur les flics ? […] Tout devait être voté et revoté ad nauseam. […] Par la vertu des procédures démocratiques, le mouvement perdait de sa puissance rebelle et se retrouvait pieds et poings liés entre les mains de ses détracteurs : ainsi le vote jouait-il pleinement son rôle, celui d’être l’organisation sociale de la passivité. […] La ‘démocratie directe’ est une fausse bonne idée. Elle partage avec sa grande sœur la démocratie tout court le fétichisme de la forme. […] La démocratie, que ce soit telle qu’elle existe ou telle qu’elle devrait exister, doit donc être considérée comme ce qui fige les choses en l’état et non comme ce qui permet de les modifier. »

D'où se déduit le slogan suivant :

Rien de tel qu’un bon démocrate
pour casser l’élan révolutionnaire !

Idem, p.80 :

« L’élection est un exercice vain et tout le monde le sait : mais c’est de cette vanité même que la démocratie sait tirer sa force, et c’est en cela qu’elle est le pire des systèmes, celui qui érige le néant et l’impuissance comme sa propre raison d’être. »

D'où se déduit le slogan suivant :

Ontologiquement parlant,
la démocratie est le pire des systèmes.

Idem, p.101-109 :

« Dans la conception classique, bien au contraire [de l’idéologie actuelle], ‘liberté’ et ‘démocratie’ s’opposent. La démocratie, loi du plus grand nombre, est perçue justement comme ce qui peut nuire le plus facilement à la liberté car souline aux diktats de la démagogie. […] L’opposition entre démocratie et dictature est donc loin d’être aussi tranchée – même au sein de l’idéologie officielle – que ce que le chantage démocratique veut nous faire croire. […] Des deux voies possibles, démocratie et dictature, la démocratie s’est imposée de manière évidente comme le moyen le plus puissant et le plus sûr pour asseoir de manière durable l’écrasante oppression de l’État. […] La démocratie possède l’endurance de la souplesse qui sait repousser ce seuil [de la résistance à l’usage de la force] aussi loin que possible en cédant en partie pour préserver l’essentiel. […] La démocratie, à l’inverse [de la dictature], a perfectionné l’art subtil de doser la coercition et la récompense. […] Quand la crise sociale est si grande que les effets stérilisateurs de la démocratie perdent de leur pouvoir, c’est qu’il est temps de passer à une répression plus ardue. […] [A l'inverse, ] le passage de la dictature à la démocratie est ce moment de mensonge absolu où l’État se dédouane lui-même, par sa mue démocratique, de son passé criminel. »

D'où se déduit le slogan suivant :

Pour déguiser un dictateur balourd en démocrate bon teint,
il suffit de lui mettre des gants !

Idem, p.120-122 :

« En se présentant comme un système continuellement amendable et réformable, toujours imparfait mais perfectionnement perpétuel, la démocratie sous-entend en fait qu’elle est dans son principe absolument bonne, et que les seules difficultés surviennent toujours de l’écart, malheureux mais irréductible, qui survient entre les principes et leur application. [En réalité, si] le système démocratique est concrètement insatisfaisant, c’est que ses principes le sont aussi. […] Mais le propre du discours culpabilisateur de la démocratie est de s’arranger pour rejeter la faute du fonctionnement vicié du système sur celui qui refuse d’y participer. […] La démocratie n’accepte donc pas d’autre critique qu’une critique de l’intérieur qui suppose, pour être menée, d’avoir déjà accepté ce qui est éminemment critiquable dans la démocratie […]. C’est pour cette raison que la démocratie est devenue à proprement parler incritiquable, et que le simple fait de se déclarer contre elle suffit à ses yeux pour invalider définitivement le discours de celui qui le tient. »

D'où se déduit le slogan suivant :

La démocratie se vante d’être inévitablement imparfaite
pour ne pas s’avouer intrinsèquement mauvaise !

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