Parce qu’ils le valent bien


     Réguler le parc des SDF n’est pas un métier, c’est une passion. Le secteur d’aide aux personnes les plus démunies accorde aux sans-abri un panel de résidences, des travailleurs formés, et des services ambulatoires pour les indécrottables. On remercie donc le social pour ses dortoirs, les lieux d’un jour, les assistants sociaux, les éducateurs, les soupes populaires, les seringues et préservatifs gratuits.
     La problématique du sans-abrisme est prise en charge par un réseau qui la comble à tout niveau grâce à un accompagnement psycho-médico-pharmaceutico-politico-philosophico-crétino-rigolo social.
On peut par conséquent se demander en quoi il serait utile ou pertinent d’écouter le SDF, qu’aurait-il de plus à demander qui ne lui soit déjà offert ? Sa silhouette est déjà présente dans les endroits les plus pittoresques de la ville, il fait partie du décor quotidien des gares et autres endroits stratégiques pour la mendicité. On tolère le contraste que son apparence met en évidence dans un décor qui ne lui est pas toujours favorable.
     C’est un pacte social, on lui offre tout, et en contrepartie il promet de ne pas déranger le citoyen. Constat posé, décor planté, secrets de polichinelle, à mourir d’ennui mais tellement rassurant.
Toutefois, il serait bien dangereux de baisser notre garde. Il se pourrait bien que des perturbateurs souhaitent remettre en cause l’ordre des choses, la pérennité d’une société qui convient à tout le monde.
     Toute idée contraire au social est par définition antisociale. Gare à ceux qui les inciteraient à s’interroger quant à la place qui leur est réservée en société. Alors que les rentiers de la sécurité sociale appelés chômeurs ne rouspètent même pas, il serait bien cavalier de la part du SDF d’avoir des griefs à propos de quoi que ce soit. 
     Honte au secteur social qui ne tiendrait pas son public en laisse. Mais quand bien même un semblant d’insurrection verrait le jour les flics seraient là pour les remettre à leur place, c'est-à-dire nulle part. La manœuvre ne serait toutefois pas très belle, elle serait même vilaine. Tabasser des sans papiers, pourquoi pas… mais des SDF, c’est du jamais vu.
     La vérité est ailleurs. Clodo n’a rien à dire, mais on peut penser pour lui. Les vieilles théories de gauche prônant le partage des richesses sont aussi risibles que la création d’un clochard village, d’un clodo land ou encore d’un SDF world.
     Qu'à cela ne tienne ! S’il est de toute manière question de les laisser pour compte, pourquoi ne pas l’affirmer avec assertivité. L’intégration sociale est déjà acquise, pensons plutôt à leur confort quotidien.
     Le SDF moyen est friand de psychotropes et anxiolytiques, sûrement parce qu’ils sont peu onéreux car remboursés par la sécurité sociale.
     Leurs méfaits sont notoires et le coût pour le contribuable est augmenté par la consultation du prescripteur et le prix exigé par l’entreprise pharmaceutique.
L’alcool, moins nocif et à moindre coût, est l’ami du SDF depuis toujours. En le buvant sans sagesse ni modération, les blondes, les brunes et les blanches leur feront redécouvrir la joie de leur statut.
     Manifestons sans mensonges, avec honnêteté et audace. Exigeons une baisse du prix de l’alcool et offrons ainsi aux SDF un vrai coup de pouce.
     Remercions les sdf d’assurer aussi bien leur rôle social. Merci à ceux qui se dévouent à être exclus, déchus, humiliés et mal traités. Je vous aime, je vous suis reconnaissant d’avoir tiré les plus mauvais tickets distribué par la tombola sociétale. Il y en a des biens meilleurs que le mien mais je suis heureux de ne pas être tombé sur un des vôtres. Que le social l’emporte !

                                                                                                            Esteban Vasquez
                                                                                                            evasquez.be[at]gmail.com

 

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