Le cri primal de Xavier Löwenthal !

            L'amour de la mort fait florès. Ce sont de noires fleurs malodorantes. Elles jaillissent de partout, jusqu'à l'écœurement.
            On n'a jamais très bien su après quoi l'on courait, et pour cause : c'est devant qu'on courait, à toutes jambes (fémurs, tibias, péronés), de peur qu'elle nous rattrape.
         On se fout bien de la mort : ce sont les autres qui meurent. D'ailleurs, nous ne sommes jamais morts, mais on a peur, elle nous talonne la salope et on court mais, tout nous le rappelle, elle nous rattrapera. Et ça nous intéresse. Notre mort nous intéresse et les publicitaires l'ont bien compris. Seuls les miroirs nous intéressent : on s'identifie ou on n'aime pas... La mort est notre lieu commun. Pas la vie.
         On ignore tout de la mort mais on croit connaître ses signes, cernes, rides, chute de cheveux, souffrance et agonie. Et la dévotion entourant ces signes atteint le culte imbécile. Dorian Gray, dans son masque mortuaire.
         Alors on nous la sert, entrée, plat et dessert : vous prendrez bien encore un peu de mort ? « La mort, c’est vous, c’est nous. » Est-ce triste... Le succès des séries hospitalières, la complaisance morbide et masochiste, l'autoflagellation et le millénarisme affichés des autoproclamés "spectacles vivants", et la terreur "raisonnable" des catastrophes, cracks boursiers, fonte des glaces, hausse des océans, pénuries énergétiques, pandémies, terrorismes, décadences et dérélictions... n'ont pas besoin d'être pensés.
         Que d'empathie pour les moribonds !
         La religion du 21e siècle, c'est la mort et son culte. Ce début de siècle ressemble à s'y méprendre à la fin du pénultième. Il moisit.
         Ad nauseam, on croque la mort.
         Dans les productions contemporaines, plus rien ne grouille, que les virus des pandémies et les asticots de la décomposition. On ne dévoile plus rien que la mort, qu'on n'ignorait pas, depuis l'âge de quatre ans, et, sous des couches de catafalques, on nous dérobe le monde, qui n'a jamais cessé de grouiller, de vie.
         On ne voit plus qu’elle, la mort, alors que nous, n’est-ce pas, l’on ne meure ni ne tue : on est civilisés, madame ! L'on se croit bon, avec ça... bon d'une bonté qui n'aime rien tant que le spectacle de la destruction, d'une bonté mièvre de compassion pour les bonnes sœurs des mouroirs, plus que pour les mourants eux-mêmes. Pris d'une sainte horreur devant les charniers des guerres et des tsunamis, parcourant les pages "société" de la première Dernière Heure venue (quel titre ! quel journal !), nous ne ferions ni ne vivrons cela, nous, mais on n'en vit pas davantage et l'on refuse de voir et d'agir notre saine, féconde et virulente violence propre : nous ne sommes pas des Texans et, en ´40, on n'était même pas nés. Mais, obsédés de la mort, gaulés par les pendus, sommes-nous encore vivants ? On consomme, certes, et de la mort en tête. (C’est pour mieux l’en chasser qu’on consomme, bien entendu. Ah ! Que c’est bien fait !)
         Alors que nous savons, n'est-ce pas, que le véritable drame qui se joue sous nos yeux n'est pas la mort ni la fin de tout, mais l'absence à l'Être ! Et la vie ? Pan est-il mort ?
         L'homme est le berger de l'Être et l'art est ce qui dévoile un monde (M. H.). Il est partout le monde, et plein d’une riche profusion, insondable et vivant, ni plus ni moins qu’hier. Mais, tout occupé à contempler ces masques fardés, on ne voit plus rien autour, que dentelles noires, encens, sépulcres...
L'art après l'holocauste a vécu.
         Il était temps de renverser cette idole pourrie.
         Est venu le temps, enfin, de l'art après « l'art après l'Holocauste » !

SCOOP !
Ce cri de Xavier Löwenthal, revu et augmenté, fera l'objet
d'une publication aux éditions Mäelstrom...
et le livre sortira le 25 janvier 2009, à 14h30, place Emile Bockstael,
soit en prologue de la manifestation, évidemment :

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